Bonjour Barthélémy, peux-tu commencer par te présenter ?

« Bonjour. Je m’appelle Barthélémy A. S. Tounkara, je suis originaire du Mali, et en troisième année en filière Agroalimentaire et Génie Biologique (AGB) à l’Ensmac. Après un bac scientifique j’ai participé à un concours d’excellence qui est un partenariat entre la France et le Mali. C’est un concours parmi lequel 15 personnes sont sélectionnées dans différents domaines, dont 3 en sciences expérimentales, j’étais l’un d’eux. J’ai donc pu bénéficier d’une bourse qui m’a permis de venir faire une licence de Biologie et de Chimie à l’Université Grenoble-Alpes. »

Pourquoi as-tu choisi d’intégrer l’Ensmac ?

« Après l'obtention de ce concours au Mali, j'ai délibérément choisi l'Agroalimentaire car je veux être parmi les acteurs majeurs à relever les défis de demain en nourrissant la population humaine avec des produits sains. Et arrivé en France, en licence, j'ai été amené à faire un projet d'orientation professionnelle qui m'a permis de confirmer mon choix mais également de prendre conscience des réels enjeux des industries agroalimentaires. À la suite de cela, je me suis particulièrement intéressé aux écoles d'ingénieurs spécialisées dans ce domaine et je suis tombé sur une panoplie d’écoles. Mais j’ai choisi l'ENSMAC en raison de son prestige et des cours qu'elle proposait. »

Peux-tu nous présenter ton livre ?

« Le Retour au Bercail est mon premier ouvrage. C’est l’histoire émouvante d’un étudiant malien, du nom d’Adama qui rentre chez lui après des années passées à l’étranger pour ses études. Il va retrouver son amoureuse Kadi mais se rendre compte qu’elle s’est mariée et a eu des enfants. Affolé et ne contrôlant plus ses nerfs, il décide de renoncer complètement à cet amour. Par ricochet, il va rencontrer un autre amour et va devoir faire un choix ; son passé, c’est-à-dire Kadi, qu’il n’a pas oublié, ou son futur, Nathalie, qui n’a pas les mêmes convictions que lui.

Ce livre parle donc d’une histoire d’amour, de choix difficiles. J’ai aussi voulu parler des faits sociétaux du Mali et prodiguer des conseils aux jeunes comme aux moins jeunes. On y retrouve pas mal d’éléments factuels saupoudrés par des touches de fiction ».

Est-ce qu’il s’agit de ton premier roman ? Ecris-tu depuis longtemps ?

« Oui c’est mon premier roman. J’ai déjà écrit des choses avant mais jamais de roman. Avant d’arriver au lycée, je voulais être écrivain. J’étais passionné par un écrivain sénégalais, Camara Laye à tel point que je m’étais surnommé « BAT, l’écrivain noir », en référence à l’un de ses ouvrages, L’enfant noir. J’avais cependant des facilités en sciences et ma famille, en particulier mon oncle qui est enseignant, m’a conseillé de me tourner vers ce domaine.

Je suis arrivée à Bordeaux juste avant le Covid, j’ai donc eu pas mal de temps libre pendant les confinements. C’est à ce moment-là que j’ai recommencé à écrire, j’ai écrit des poèmes sur ce qui se passait cette année-là. J’en ai publié un en ligne, j’ai vu que ça plaisait donc j’en ai écrit un deuxième, puis un troisième. A mon quatrième poème, je me suis dit que j’avais envie d’être écrivain et que pour cela il me fallait écrire un livre. J’ai donc réfléchi à une histoire, et j’ai voulu parler d’un étudiant qui rentre dans son pays après ses études à l’étranger. Mon premier chapitre correspond à mon quatrième poème qui a été modifié. Je partageais chaque chapitre sur Wattpad accompagné d’une affiche faite par un ami à moi pour inciter les gens à aller lire. J’écrivais chaque chapitre au fil de l’eau, je n’avais pas de trame fixée. Aujourd’hui il y a toujours des chapitres sur Wattpad mais ce n’est pas exactement ce qui est dans mon livre. C’est plutôt pour inciter les gens à lire le livre ».

Elève-ingénieur et écrivain, comment combiner les deux ?

« Quand j’ai commencé à partager mes chapitres sur Wattpad, je l’ai partagé à quelques amis de l’école qui m’ont dit de le partager aux autres élèves, ce que j’ai fait. J’ai reçu des encouragements, certains ont même lu mon roman. C’était difficile à gérer car à ce moment-là il y avait les cours avec les projets et les rapports à rendre, l’écriture, mon job étudiant et un petit boulot que je faisais à l’école. C’était beaucoup.

En fin de deuxième année d’école, j’ai eu à effectuer un séjour linguistique en Angleterre. Après cette mobilité, je n’arrivais plus à écrire en français. J’ai fait une pause dans l’écriture de mon roman. Quelques temps après, je ne trouvais plus l’inspiration.  Je suis donc allé à la librairie Mollat à Bordeaux et j’ai acheté huit livres ; des romans mais aussi des livres abordant des thèmes de développement et de spiritualité. A cette époque j’étais en stage et j’avais environ 1h de trajet pour me rendre en entreprise, j’ai donc profité de ces trajets pour lire, même lorsque je n’en avais pas envie je lisais, et je passais ensuite mes soirées à écrire.

Combiner école d’ingénieur, écriture et job étudiant n’est pas facile mais avec de la volonté, on y parvient. »

Bientôt diplômé, comment envisages-tu la suite ? Un prochain roman, des poèmes ?

« L’écriture de poèmes dépend de mon humeur et du moment. Je viens de commencer mon stage de fin d’études dans une entreprise en Normandie, et si j’ai choisi ce stage c’est en partie parce que je veux écrire un deuxième tome. J’ai choisi cette ville pour me recentrer, lire et écrire. J’ai plein d’idées et une énorme pile de livres à lire.

Après mon stage, si l’entreprise me plaît et qu’ils me proposent un contrat, j’y resterai. Sinon je chercherai ailleurs, mais dans le même domaine que mon stage c’est-à-dire l’amélioration continue, qui fait suite à la spécialisation que j’ai choisie à l’école, CPI (Conception et Production en Industrie). »

As-tu des recommandations de lecture, une œuvre à nous conseiller ?

« J’adore cette question. Je peux même donner mon top 3.

En premier, il y a Amadou Hampâté BÂ qui est un auteur et un guide spirituel malien qui m’a beaucoup inspiré. C’est lui qui m’a donné l’amour de la lecture, notamment avec son œuvre L’étrange destin de Wangrin.

En deuxième position je dirais Le Baobab fou de Ken Bugul. C’est une histoire qui m’a touché car elle parle d’une sénégalaise qui, après l’obtention d’une bourse, s’installe en Belgique pour ses études et qui va se perdre. Elle va commencer à fréquenter des personnes qui ne partagent pas ses convictions, va tomber enceinte, avorter, abandonner l’école et ainsi perdre sa bourse. Elle va ensuite commencer à travailler et fréquenter différents endroits insolites jusqu’à tomber dans la prostitution. C’est une histoire pleine d’émotions.

Et enfin, je dirais L’âme du monde de Frédéric Lenoir. J’apprécie également les ouvrages de Paulo Coelho car ils sont tirés de la vie réelle. Outre son vocabulaire assez accessible, son univers duquel je ne viens pas forcément me permet de découvrir de nouveaux horizons. »